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Comment Mathieu Lamboley a composé la musique de la série Lupin pour le personnage d'Omar Sy - Edition du soir Ouest-France - 02/02/2021 - Ouest-France

Correspondance, Brice MICLET

À 41 ans, Mathieu Lamboley a déjà composé de nombreuses musiques de films (Minuscule 2, Le Quai de Ouistreham) ou de séries (L’Art du crime). Mais aucun de ces projets n’égale le carton international de Lupin, série diffusée sur Netflix depuis le 8 janvier. Rencontre avec un compositeur pris dans le tourbillon du succès.

La série française Lupin , diffusée sur Netflix depuis le 8 janvier, et avec Omar Sy dans le rôle principal, affole les compteurs. Quelque 70 millions de foyers dans le monde devraient avoir regardé la série en ce début février, un record !

Mathieu Lamboley, 41 ans, a composé la bande originale de Lupin. Il est l’auteur de nombreuses musiques de films comme Minuscule 2 ou Le Quai de Ouistreham, ou bien de séries comme L’Art du crime. Mais aucun de ses précédents projets n’égale le carton international actuel de Lupin. Entretien avec un compositeur pris dans le tourbillon du succès.

Mathieu Lamboley, ici avec l’Orchestre national d’Île-de-France, pour la musique de Minuscule 2. (Photo : capture d’écran YouTube / Mathieu Lamboley / Steve Moreau)

Mathieu Lamboley, lorsque vous avez commencé à travailler sur la bande originale de la série Lupin, avez-vous tout de suite senti que vous intégriez une grosse machine ?

En fait, j’avais entendu parler de ce projet il y a déjà quelques années. Dans ce milieu, on fonctionne avec des appels d’offres. Mon agent m’a donc mis sur celui-ci, j’ai proposé un thème principal, et j’ai été choisi.

Quand j’ai vu les premiers épisodes, j’ai vraiment senti une grande exigence dans la production. On voit tout de suite que c’est une grosse machine, que Netflix est derrière. Mais je n’avais pas du tout anticipé un tel succès. De toute façon, que ce soit un projet qui fasse 70 millions ou 100 000 téléspectateurs, ou même des courts-métrages qui en font encore moins, j’ai toujours la même exigence.

Vous a-t-on donné des indications, une direction musicale ? Ou même des consignes ?

C’était assez vague, mais les images parlaient d’elles-mêmes. On voyait tout de suite que l’esthétique tournait autour de l’espionnage, du mystère… En fait, j’ai été très libre artistiquement. Dans un premier temps, il a fallu trouver une couleur musicale qui colle aux premiers épisodes, il y a eu beaucoup d’allers-retours avec les équipes de Netflix.

Ça n’est pas une série sur Arsène Lupin, mais sur Assane Diop. C’est très important. Ce qui m’a plu et inspiré, c’est la notion d’héritage. Le personnage hérite du livre d’Arsène Lupin et le transmet à son fils. J’ai voulu retranscrire cela en musique grâce à mon propre bagage classique, grâce aux grands maîtres que j’ai écoutés et étudiés tels que Beethoven ou Prokofiev, tout en l’ancrant dans le monde présent, contemporain. C’est là que l’idée d’ajouter du hip-hop m’est venue.

Justement, il y a également des éléments électroniques, des synthétiseurs dans cette bande originale…

Oui, car c’est cohérent avec l’histoire de la série, avec l’idée de transmission. Le curseur n’était pas évident à trouver, ça a demandé beaucoup de travail. Mélanger du hip-hop avec de l’orchestre, ça peut être difficile. On peut vite tomber dans quelque chose de trop simple, à savoir composer des orchestrations et juste rajouter une rythmique dessus. Alors qu’il faut penser tout cela comme un tout dès l’écriture. Je trouvais que les ostinatos [éléments rythmiques ou mélodiques répétés obstinément, NdlR] de cordes se mariaient bien avec les rythmiques hip-hop.

La notion de boucle, de répétition, était donc importante ?

Quand on est compositeur, on cherche un mélange original, comme si on élaborait une recette. Au-delà de la couleur musicale et des arrangements, il y a les thèmes, les mélodies, les rythmes… J’ai cherché des thèmes pour chaque personnage, des motifs mélodiques récurrents, mais qui varient un peu à chaque épisode. Par exemple, le personnage de Claire a son thème, souvent joué au piano. Celui de la famille Pelligrini, c’est plutôt une marche funèbre avec des timbales.

Justement, comment avez-vous illustré le personnage d’Assane Diop en musique ?

Son thème est le thème principal de la série. Je l’harmonise différemment, je le tourne dans tous les sens, mais il revient toujours. Il peut être très rythmé ou très orchestral. Je me disais qu’il lui fallait des guitares pour le rendre un peu « badass », renforcer son côté cambrioleur. Mais il a aussi des motifs de clarinette qui mettent en musique son côté sournois et joueur.

La clarinette vous évoque cela ?

Oui, la clarinette basse a un côté profond, elle nous rappelle au jazz des années 1930, et à l’espionnage.

Le titre Cambrioleur peut faire penser à ce que Serge Gainsbourg faisait dans les années 1970 dans un album comme Histoire de Melody Nelson

J’adore Serge Gainsbourg, c’est une de mes références, et Histoire de Melody Nelson est son album que je préfère. Mais je n’y ai pas du tout pensé en composant. Souvent, on ne sait pas trop ce que l’on fait ni d’où ça vient. On écrit des choses, et on peut trouver des similitudes ensuite.

Combien de temps vous a pris le processus d’écriture et d’enregistrement ?

J’ai eu trois mois pour faire les trois premiers épisodes. C’est vrai qu’il y a eu beaucoup de nuits blanches, des validations à faire du côté de Netflix, des délais assez serrés. D’emblée, j’avais trouvé le squelette de la bande originale, les thèmes principaux. Ensuite, j’ai travaillé sur les arrangements et fait des maquettes sur ordinateur. C’est d’ailleurs ce que je suis en train de faire pour la seconde saison. On envoie le tout au producteur et au réalisateur, qui valident, puis on va enregistrer en studio.

Dans la série, il y a d’autres musiques, des morceaux pré-existants déjà connus comme I Got The… de Labi Siffre, ou Meaning de Cascadeur.

Oui, c’est ce que l’on appelle dans le jargon des « synchros ». Mais il y en a relativement peu par rapport à d’autres séries. Parfois, j’ai commencé à composer une musique pour une séquence, et Netflix disait : « C’est vrai qu’on aimerait bien mettre une synchro pour le coup. » Et je leur répondais : « Si vous voulez, mais je peux aussi vous faire quelque chose qui aille avec cette esthétique. » Et ils font leur choix. Parfois ils choisissent d’utiliser un morceau déjà connu. Ça fonctionne très souvent, même si le compositeur que je suis a envie d’avoir le plus possible de musique à écrire (rires). Mais on ne peut pas toujours lutter contre un superbe tube, et il faut savoir rester humble.

À écouter. Le podcast « Une musique, un film… » animé par Caroline Pastorelli, sur Le mur des podcasts d’Ouest-France ou via le player ci-dessous :

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