EXPLICATIONS - Son film "Adieu les cons" a décroché sept César vendredi 12 mars, mais fidèle à sa réputation, Albert Dupontel n’est pas venu chercher ses trophées sur la scène de l’Olympia. Un choix qu’il nous expliquait en octobre dernier.
- Jérôme Vermelin
Alors que Canal + avait tout fait pour organiser la 46e cérémonie des César en présentiel, le grand gagnant de la soirée avait choisi de rester dans son salon. Albert Dupontel, 57 ans, est coutumier du fait puisqu’il n’était déjà pas venu recevoir le César du scénario en 2014 pour Neuf mois ferme puis les César de la réalisation et de la meilleure adaptation en 2018 pour Au revoir là-haut, laissant l’écrivain Pierre Lemaître profiter de la lumière.
Vendredi 12 mars, c’est Catherine Bozorgan, sa productrice et compagne, qui est venue chercher ses quatre récompenses personnelles pour Adieu les cons – meilleur film, meilleure réalisation, meilleur scénario et César des lycéens. Une véritable razzia complétée par le César du second rôle masculin attribué à son vieux copain Nicolas Marié, de tous ses films depuis Bernie en 1997, le César de la meilleure photo à Alexis Kavyrichine et le César des meilleurs décors à Carlos Conti.
Le meilleur vin, c’est celui que vous aimez, le meilleur film c’est celui que vous avez aimé. Ce n’est pas discutable, ce n’est pas négociable
Avant la sortie de Adieu les cons en octobre dernier, Albert Dupontel avait expliqué ses raisons de ne pas se rendre aux César par principe dans le podcast de LCI, "Le cinéma, c’est la vie en mieux", même s'il ne refusait pas les nominations. "Ça fait plaisir que mon équipe et son travail soient reconnus", précisait-il en préambule.
"J’ai beaucoup de prudence par rapport à la définition 'être le meilleur de quelque chose'. Je trouve qu’être le meilleur en matière de goût, c’est une histoire très personnelle (…) Le meilleur vin, c’est celui que vous aimez, le meilleur film c’est celui que vous avez aimé. Ce n’est pas discutable, ce n’est pas négociable."
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Pour Albert Dupontel, ne pas courir après récompenses est un choix presque philosophique. "Être artiste, c’est chercher à élever son niveau de conscience. J’ai conscience de l’absurdité de cette définition. De sa réduction aussi", estime cet ancien étudiant en médecine avant de citer le célèbre neurobiologiste Henri Laborit. "Il a une phrase qui m’a souvent hanté : ‘l’intelligence se fout de la compétition’. Partant de loin en ce qui concerne l’intelligence, j’essaie justement de ne pas trop être compétitif", ironise-t-il.
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Albert Dupontel voit également une dimension politique ET écologique à sa démarche. "Je dirais que géopolitiquement, être le meilleur, c'est quelque chose qui est en train de faire fondre la planète", lâche-t-il. "Toutes ces multinationales, ces produits, ces hommes d’affaires qui veulent être les meilleurs. Le résultat, c'est que la banquise fond et on se chope des virus. Donc ça serait bien d’arrêter d’être le meilleur et d’être juste soi-même, d’écouter un petit peu autrui et je pense que la planète peut se calmer. Mais bon, je ne suis pas sûr d’être entendu parmi les meilleurs !".
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