Ce dimanche, pour un numéro spécial et “féministe” de son magazine, l’animatrice a joué la confidente de Marine Le Pen, Anne Hidalgo, Valérie Pécresse, Rachida Dati et Marlène Schiappa. Et ce fut gênant.
Cinq femmes politiques pour une émission unique et féministe. C’était la promesse du magazine Une ambition intime, diffusé dimanche 7 novembre au soir en prime time et présenté par Karine Le Marchand. L’animatrice de L’amour est dans le pré interviewait, dans l’ordre d’apparition : Marine Le Pen, Anne Hidalgo, Valérie Pécresse, Rachida Dati et Marlène Schiappa. Trois candidates à l’élection présidentielle, la maire du 7e arrondissement de Paris et la ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur, chargée de la Citoyenneté. Le concept ? « Tuer les clichés qui systématiquement encadrent leur réputation et découvrir vraiment quelle femme se cache derrière la carapace qu’elles ont due se créer. » Alors pour mieux briser la carapace, on adopte un ton décontracté et on s’appelle par son prénom d’usage. On déroule le portrait de l’interviewée qui peut voir, via une tablette, les éloges et confidences des proches, famille, compagnons, collègues, et de Nicolas Sarkozy (en guest). Une émission « qui n’est pas militante, prévient Karine Le Marchand, mais ces paroles à nu seront peut-être capables de faire changer définitivement les choses ».
Bref, une bonne campagne de com pour cinq femmes ambitieuses, tout en maîtrise ou presque. On notera qu’Anne, Valérie, Rachida et Marlène se sont livrées sur leur lieu de travail (l’émission a été enregistrée durant l’été) alors que Marine a posé une RTT et a préféré inviter Karine à la maison. Il faut dire que les deux femmes se connaissent puisque la meneuse du Rassemblement national avait déjà eu l’honneur de l’émission il y a cinq ans.
Voilà pour le décor, place aux confidences. Avec Marine Le Pen qui, d’emblée, préfère prévenir qu’elle est pudique. « On a eu envie de savoir comment ces cinq dernières années vous ont construite en tant que femme politique et en tant que femme, et c’était pas cinq ans les pattes au soleil », interroge Karine. Un petit coup de tablette et de résumé du quinquennat, et on retrouve la patronne du RN en train de semer et de cueillir dans son jardin (une allégorie ?) au milieu de ses chats. « Miss bonne humeur » nous raconte aussi que tous les soucis restent dehors et qu’ici c’est le rire, la famille et le partage. Une grande maison un peu vide après l’envol des enfants où elle accueille depuis cinq ans Ingrid, une copine coloc « qui traversait une période difficile ».
Tea party dans le jardin
We Are Family (des Sister Sledge) résonne en sonore. « C’est super moderne de vivre avec une copine », s’enthousiasme Karine. On revient ensuite sur « les blessures de la candidate battue au second tour en 2017 », après un débat raté dont « elle a mis un an à se remettre », confie Pierrette, la mère, redevenue proche après un éloignement de quinze ans. « Vous vous sentez comme un phœnix ? » tente Karine. On enchaîne sur un tea party dans le jardin. « Marine est devenue la cheffe de famille », ajoute la maman entourée de Marie-Caroline, la sœur, d’une nièce et d’Ingrid, qui a fait un gâteau. « Pas d’homme dans cette maison, même les chats sont des femelles », s’amuse Marine Le Pen, collant bien à la thématique. « Quelle famille quand même ! » glisse de son côté l’animatrice après le rappel de la fâcherie avec le père.
Karine parle quand même un peu boulot : « On me dit que vous travaillez vos dossiers d’arrache-pied ? », « Vous mettez le social en avant ? », « Vous vous présentez pour la troisième fois, c’est presque christique votre truc ? », ou « Vous vous placez où entre la gauche et la droite ? »… Nous, on ne sait plus trop où se mettre. La gêne a pris le dessus. « Merci Karine, on fera la troisième pour mon deuxième mandat », ironise Marine Le Pen.
Place ensuite à Anne Hidalgo qui reçoit à l’Hôtel de Ville pour un entretien plus classique. Enregistrée avant qu’elle déclare sa candidature à la présidentielle, la maire de Paris insiste sur son bilan parisien et, casque vert sur la tête, ne boude pas son plaisir de prendre la rue de Rivoli à vélo. Côté perso, l’angle choisi est l’histoire familiale, celle d’un grand-père andalou contraint à l’exil pour fuir le franquisme. La sœur raconte l’enfance, la maman confie en espagnol sa fierté. Tout juste apprend-on « qu’elle chante super bien et qu’elle ne perd jamais l’occasion de danser ». Côté vie privée, quelques confidences avec son compagnon, le politique Jean-Marc Germain (PS, ex-député des Hauts-de-Seine) et ancien dir cab de Delanoë. Une relation cachée pendant deux ans. « Vous êtes “poker face” quand vous voulez », s’amuse Karine. Depuis, Jean-Marc et Anne marchent dans la rue en se donnant la main ou admirent un coucher de soleil en Andalousie (deux plans séquences). « C’est une femme politique géniale », glisse Jean-Marc qui se définit comme « hyper-féministe » : « Je fais la cuisine et les courses. »
Questions politiques ? « Vous êtes inébranlables dans vos convictions ? », « Vous croyez aux sondages ? », « On vous dit autoritaire parce que vous ne lâchez rien ? » Merci Karine.
Roman-photo surjoué
Pour Valérie Pécresse, ça se passe dans le canapé de son bureau flambant neuf à la Région (Île-de-France). « C’est la première fois qu’elle ouvre les portes de son intimité. » Là, on frise le roman-photo avec le papa, le mari, les enfants et une partie de Trivial Pursuit surjouée. Valérie répond à la question littérature (elle adore les livres) et on rit joyeusement autour de la table. « J’aime beaucoup les jeux de société, mais je suis mauvaise joueuse. » La candidate à la primaire de droite aimerait en finir avec cette image « de la bourgeoise versaillaise de droite ». « Vous n’habitez plus Versailles ? » lui rétorque Karine, presque agressive sur ce coup-là. Si, et elle est née à Neuilly, « comme François Hollande » !
On découvre ensuite ses passions : le fromage (« mon antidépresseur »), les balades à vélo dans sa résidence secondaire, où elle peut être elle-même, et, bien sûr, le travail, toujours le travail. Les intervenants, choisis avec soin, soulignent son engagement total. Parmi eux, Jean-Paul Huchon, son prédécesseur socialiste, qui ne tarit pas d’éloges, ou Elina Dumont, ex-SDF qui a piloté un dossier sur l’exclusion pour la Région. « Il faudrait plus souvent confier les dossiers à ceux qui connaissent la vie, pas à ceux sortis d’école et déconnectés », s’autorise Karine. « Absolument », acquiesce l’énarque également diplômée d’HEC.
Question politique : « Vous avez un parcours magnifique, mais comment comptez-vous diriger la France ? »
Rachida Dati arrive après la coupure pub et à une heure avancée. Dommage, car elle est sans doute celle qui a le plus bossé son portrait. Pudique comme toutes les autres, elle a convié sa famille et quelques amis pour un voyage sur les traces de son enfance avec visite de l’ancien appart HLM familial. « Elle provoque le destin », insiste le commentaire, rappelant les origines modestes et étrangères de l’ex-garde des Sceaux. « La dignité par le travail, c’est un mot important dans cette famille », souligne Karine Le Marchand. Rachida raconte ensuite son ascension sociale et fait le tour de ses mentors, de Simone Veil à Albin Chalandon, sans oublier Nicolas Sarkozy, qui ne manque pas de rappeler qu’il lui a fait confiance. Côté vie privée, elle évoque ce mariage familial arrangé dont elle a eu du mal à se défaire, le racisme qui ne l’a pas épargnée et « les coups nombreux reçus ». Sa fille aussi « avec laquelle c’est fusionnel ». On la voit ensuite faire le tour des commerçants du 7e arrondissement, où elle « vit avec des gens qui l’aiment ». Un portrait tout en maîtrise de self made woman, fonceuse, capable de pousser des colères, « mais c’est parce que je veux que ça aille vite ». Question politique : « Pourquoi, avec votre histoire, vous n’êtes pas de gauche ? »
Dernière invitée au bout de la nuit, Marlène Schiappa, la benjamine, 38 ans. « Vous êtes la girl next door de la vie politique », débute Karine Le Marchand, qui expédie l’affaire plus vite. Plus simple, le CV est moins long. Alors on axe davantage sur le féminisme, normalement le fil rouge de l’émission. L’ex-secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations martèle quelques principes importants et les dérives d’une société en matière de parité. Un rappel salvateur bien que tardif. Vient ensuite le passage vie privée. « Comment est-on élevée quand on a deux parents communistes ? » interroge Karine. Marlène, qui pensait que « Marx et Trotsky étaient des amis de la famille », livre quelques souvenirs d’enfance à Belleville « où ce n’était pas toujours simple ». Puis vient l’exil au Mans, un blog (« Maman travaille ») et ses débuts en politique comme adjointe au maire. Et c’est la rencontre (Emmanuel Macron) : « Enfin quelqu’un qui parlait mon langage et aux gens de ma génération. »
Télé-réalité ?
Suit une séquence en forêt où Marlène et son conjoint reviennent sur les difficultés du couple à concilier vie de famille et politique. Encore ce sentiment d’être de trop. On n’est plus très loin de la télé-réalité.
Question politique : « Ils voulaient faire la révolution, vos parents ? »
Deux heures quarante plus tard, clap de fin. « Je suis extrêmement fière d’avoir fait cette émission, merci à toutes de m’avoir fait confiance », conclut Karine Le Marchand, également coréalisatrice et productrice du programme. Les invitées ont eu la possibilité de revenir sur leurs propos avant le montage, précise-t-elle. Elle annonçait vouloir humaniser ces femmes et montrer qu’elles n’étaient pas des « monstres froids ou hystériques ». Mission accomplie. Bien au-delà, sans doute, des espérances des intéressées.
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