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Mort de Raoul Cauvin, père des «Tuniques bleues», après une vie bien chargée - Libération

Le prolifique scénariste belge de bande dessinée, coauteur des séries à succès «les Tuniques bleues» et «Cédric», est mort jeudi à 82 ans des suites d’un cancer incurable.

Les lecteurs du magazine Spirou, et plus largement le monde de la bande dessinée, sont en deuil. Le scénariste belge Raoul Cauvin, auteur des séries à succès les Tuniques Bleues, l’Agent 212 ou Cédric, est mort jeudi à l’âge de 82 ans. Sa maison d’édition de toujours, Dupuis, en fait l’annonce ce vendredi matin. «C’est avec une immense émotion que nous vous faisons part du décès de Raoul Cauvin, un des plus grands hommes du monde de la bande dessinée, salue l’éditeur. Nous sommes en pensée avec les millions de lecteurs qui ont adoré sa drôlerie et son comique de situation à travers la publication de ses séries.»

Raoul Cauvin est né le 26 septembre 1938 à Antoing, en Belgique, près de la frontière française – l’année même où est créé le magazine Spirou où il publiera plus tard ses planches. Il suit des études de lithographie publicitaire à l’Institut Saint-Luc de Tournai, une des écoles d’arts les plus réputées de Belgique, enchaîne plusieurs emplois (notamment dans une usine de boules de billard), avant d’entrer chez l’éditeur Dupuis où il est dans un premier temps dessinateur de grilles de mots croisés, lettreur, puis caméraman.

«Papys de la BD»

Il doit principalement sa notoriété aux Tuniques bleues, une série à succès d’une rare longévité, qu’il crée en 1968 et qui s’est écoulée à des millions d’exemplaires en un demi-siècle. Elle raconte avec humour les aventures du sergent Chesterfield et du caporal Blutch, un militariste convaincu et un autre engagé malgré lui, combattant du côté nordiste pendant la Guerre de Sécession (1861-1865). Avec plus de 15 millions d’albums vendus en français – sans compter les traductions en anglais, en allemand ou en néerlandais – ces Laurel et Hardy de la BD font découvrir le conflit à bon nombre d’Européens.

Il avait d’abord conçu ses deux héros avec le dessinateur Louis Salvérius, qui meurt en 1972 et laisse la place à Willy Lambil. Ce dernier reste le complice inséparable de Cauvin jusqu’au tome 64, Où est donc Arabesque?, l’ultime opus signé par le scénariste et prépublié depuis mai dans le magazine Spirou. Ces deux vétérans étaient surnommés «les papys de la BD», arborant une même moustache grisonnante. «40 ans après nos débuts, nous en sommes à la troisième génération de lecteurs. C’est merveilleux de penser qu’un même album peut être lu par un grand-père, un père et ses enfants», s’enthousiasmait Raoul Cauvin en 2012.

«Parodie délirante»

Les Tuniques bleues ne sont toutefois qu’une parcelle d’une œuvre bien plus importante, prolifique même. Le scénariste belge a notamment travaillé avec Claire Bretécher sur la série Les Naufragés au début des années 1970, et quantité d’autres dessinateurs comme Berck (Sammy et Lou) ou Kox (L’Agent 212). «S’il excelle dans l’aventure humoristique pour tous les publics et toutes les formes du gag visuel, il évolue dans les années 80 vers des productions plus incisives, proches souvent de l’humour noir et de la parodie délirante», retrace son éditeur Dupuis. Il s’illustre ainsi dans les séries Pierre Tombal (avec Hardy), Les Femmes en blanc sur l’univers de l’hôpital (avec Bercovici au dessin) et Cédric (avec Laudec). Les aventures du blondinet constituent l’autre grand succès de Cauvin, avec 34 albums à ce jour. Citons encore les 21 albums de Cupidon, avec Malik au dessin, autour de cette figure mythologique bien connue qui décoche ses flèches à tort et à travers.

Il y a trois mois, Raoul Cauvin avait annoncé être atteint d’un cancer incurable, dans un message sur Le blog à Raoul, son site personnel hébergé sur spirou.com. «L’oncologue est formel. Encore quelque mois à vivre avant d’aller, là-haut, rejoindre tous ceux qui m’ont précédé. Fallait bien que ça m’arrive aussi un jour», écrivait-il. Pour Patrick Gaumer, qui lui avait consacré une BD (Cauvin la monographie, parue fin 2013), le scénariste maniait avec brio «un verbe malicieux» caractérisé par quatre ingrédients : «Distance, humour, loufoquerie et autodérision.»

«Raoul Cauvin est devenu une véritable statue de Commandeur des scénaristes. Populaire, irrésistiblement drôle, inattendu, il a durablement codifié la mécanique du gag et les canons de l’aventure humoristique, séduisant plusieurs générations de lecteurs et vendant plus de 50 millions d’albums», résume de son côté son éditeur. Et sur Twitter, les hommages étaient déjà nombreux ce vendredi matin.

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